Trace du parcours

Télécharger la trace (GPX).

Galerie photo

Voir toutes les photos ici.

Récit

Récit écrit (à beaucoup d'exceptions près) au jour le jour.

Depuis le temps que je voulais parcourir ce massif montagneux, totalement inconnu jusqu'à présent ! D'abord prévu pour l'année dernière, j'avais dû changer mes plans pour des raisons de logistique un peu au dernier moment. Mais cette année était la bonne.

Je me demandais bien à quoi ça ressemblerai par rapport aux Alpes, que je connais bien et qui sont pour moi le plus beau et le plus varié massif montagneux français. Je ne sais pas pourquoi, j'avais un peu peur d'y voir les Alpes en moins bien, plus petit (ce n'est qu'une crête pas bien large comparée aux Alpes). Le verdict, après ces 10 jours passés de par et d'autre de la crête Pyrénéenne est que oui, les Pyrénées c'est magnifique, et très différent des Alpes, mais n'a rien à leur envier !

Jour 0 (jeudi) : arrivée à Cier-de-Luchon

Je pars de Marseille en tout début d'après-midi, à destination de Cier-de-Luchon (vallée de Luchon). Au fur et à mesure que je me rapproche des Pyrénées, le ciel se couvre bien et j'aperçois un petit 12 °C sur un une croie de pharmacie. Chouette…

Le car me laisse à l'entrée du petit village avec une petite heure de retard, la faute à un contrôleur du TER précédent qui avait décidé de pas venir au boulot. La nuit tombe, je monte un peu pour chercher un endroit de bivouac à l'écart des habitations, mange la moitié de mon repas (pas faim) et me couche.

Jour 1 (vendredi) : crêtes de la vallée d'Oueil et mont Né

Distance : 17 km, dénivelé : ↗ 1878 m, ↘ 667 m

Je n'ai pas encore mon rythme de rando, je me réveille avec un soleil déjà bien fort dans les yeux, alors que je suis au fond de la vallée.

Vue depuis le sommet d'Antenac

Vue depuis le sommet d'Antenac

1300 m à monter d'une traite jusqu'au sommet d'Antenac, pas facile mais je finis par arriver au bout. Pour tout le reste de la journée, j'avais prévu de la crête par le mail de Salières, cap de Pouy Pradaus, port de Bales, mont Né, sommet du Templa et enfin montagne du Pin. Malheureusement c'est au vent, en plein dans les nuages donc sans aucune vue, et les pieds trempés par l'herbe mouillée que se passera cette journée. Pas vraiment intéressant.

En fin d'après-midi, j'ai suivi une sente cairnée qui m'a au final dévié de ma trajectoire prévue. N'arrivant pas à savoir où je suis faute de points de repère vu la visibilité, je m'arrête pour la nuit quelque part sur la crête, en me disant que les nuages finiraient bien par partir au cours de la nuit.

Jour 2 (samedi) : Arreau et les Quatres Véziaux

Distance : 23 km, dénivelé : ↗ 1315 m, ↘ 1497 m

Le matin, la visibilité est meilleure bien que les nuages soient toujours là. Je descends des crêtes vers le cap du Cros dans le but de rejoindre Arreau. Il fait très humide et j'ai vraiment froid. Je rejoins une piste qui passe dans une forêt d'un mélange d'épicéas et de feuillus divers assez jolie. J'y croise un troupeau de chevaux en semi-liberté.

Arrivé à des granges au dessus d'Arreau, j'ai droit à de grandes éclaircies. Petite pose dans l'herbe au soleil pour manger un peu et sécher mes pieds, ça fait du bien cette chaleur !

Vallée d'Aure Vue sur la vallée d'Aure depuis les granges d'Arreau.

Je comptais couper tout droit dans la pente vers Arreau, mais au bout d'un moment des clôtures et une végétation assez dense m'en empêche, je fais donc un détour jusqu'à Jézeau et arrive juste un peu avant la fermeture du petit Casino pour acheter quelques provisions. Le village à l'air sympa mais je ne m'y attarde pas trop, il est envahi par les touristes.

Je monte en direction de la hourquette d'Ancizan dans une jolie forêt de hêtres puis d'épicéas. La vue depuis le col est magnifique (en faisant abstraction des touristes montés en voiture). Vaches, montons, chevaux et ânes paissent en toute liberté sur le plat de la Plagne en contrebas, et de nombreux vautours survolent les pentes aux alentours.

Plat de la Plagne Plat de la Plagne.

Je remonte jusqu'au petit lac d'Arou, attends que les derniers promeneurs aient quittés les lieux puis monte le camp, au milieu des vaches. Une dernière personne arrive, je le prends pour le berger (je me suis installé à 10 m de sa cabane), mais en fait non, lui aussi a cru que j'étais le berger ! Il venait passer la nuit là pour aller ensuite chercher des minéraux (j'ai pas retenu leur nom) dans les éboulis plus haut avec des amis.

Lac d'Arou Lac d'Arou

Jour 3 (dimanche) : lacs de Néouvielle

Distance : 17,3 km, dénivelé : ↗ 1511 m, ↘ 982 m

Je me réveille dans la nuit, par de la lumière et un air froid : cool, le ciel et tout propre et une brise descendante s'est levée !

Le matin je me lève et découvre la plus belle mer de nuage que j'ai jamais pu admirer. Elle s'étale dans les vallées en contrebas et se fond jusqu'à l'horizon dans la plaine de la Garone ! Je savoure mon petit déj. avec le petit lac au premier plan, la mer de nuage et le soleil qui se lève par dessus. Tout simplement magnifique !

Lac d'Arou au levé Lac d'Arou au levé.

Lac d'Arou au levé Lac d'Arou au levé.

Je me mets en route en direction du col de Crabe puis du lac de Montarrouye en suivant des chemins à vaches, puis du lac des Gréziolles par le col de Couradette en suivant quelques cairns. Il fait super chaud, surtout comparé aux jours précédents. Heureusement que l'eau de manque pas dans le coin !

Lac de Cul des Gourgs Lac de Cul des Gourgs.

Après une pose casse-croute sous le maigre ombre d'un pin à crochets (mais avec une belle vue sur les lacs), je récupère un sentier et le suis jusqu'à la réserve de Néouvielle. Vu l'avancement de la journée, je me rends compte que je devrais bivouaquer dans la réserve et j'ai un doute sur la réglementation (pas pensé à vérifier ça avant de partir). Je comptais monter à la Hourquette Negre puis longer la crête jusqu'au col de Madaméte pour surplomber tous les lacs. Mais comme j'aimerai bien savoir, je décide plutôt de descendre à la cabane du laquet de Coste Oueillère (à l'entrée de la réserve), puis remonter plus tard sur la crête par le col de Barèges.

Pic de Néouvielle et lac de Bastan Pic de Néouvielle et lac de Bastan

La cabane est assez moche d'ailleurs, tout en tôle d'acier rouillé, on dirait une chaudière de locomotive à vapeur posée là… Je l'atteint et… aucune indication. Bon, on va dire que ça passera alors, en évitant de se mettre dans un endroit trop voyant. Je remonte jusqu'au lac de Gourguet, vraiment magnifique, je ne peux résister à une petite trempette de pieds et à un bout de sieste sur la berge herbeuse. Les moustiques se font une joie de m'accueillir par contre…

Ensuite je me rend compte que c'est un peu tard pour faire la crête, et je fatigue un peu, c'est la fin de la journée. Tant pis, je vais jusqu'au lac Supérieur et me pose là. Je vois en fasse un groupe d'une dizaine de personnes qui ont l'air de rester là pour la nuit et pêchent même dans le lac. Bon je me dis qu'il ne doit pas avoir de restrictions particulières…

Jour 4 (lundi) : montagne de Cap de Long

Distance : 16 km, dénivelé : ↗ 1394 m, ↘ 1459 m

Levé

Levé

Je me remets en route à l'aube sous un début de journée qui s'annonce ensoleillée. Au col d'Aumar, j'aperçois mes premiers isards, difficile comme ça de voir les différences avec le chamois. Je longe un moment le lac d'Aumar, magnifique sous le soleil du matin, puis j'atteins celui d'Aubert, nettement moins beau car à moitié asséché à cause des travaux sur son barrage. Et là je découvre qu'il y a un air de bivouac, et qu'il était bien interdit de bivouaquer ailleurs dans la réserve. Bon ben trop tard… Et vu le monde au matin à l'aire, j'étais bien mieux là où j'étais…

Lac d'Aumar Lac d'Aumar.

Mon objectif du jour est de remonter la vallée de Cap de Long jusqu'au col du même nom et de redescendre de l'autre coté, dans la vallée de Bassia. J'ai un gros doute sur la faisabilité de la redescente, mais c'est le seul passage pour relier Néouvielle aux cirques de la crête Pyrénéenne que j'ai pu trouver sur les cartes avant de partir. Quelques cumulus bourgeonnants (déjà) dans le ciel m'incite à ne pas trop trainer pour pouvoir passer le grand col avant que ça ne deviennent trop menaçant pour ne pas compliquer les choses.

Du lac d'Aubert, je rejoins le lac de Cap de Long, avec une petite erreur de trajectoire, j'étais parti beaucoup trop à l'ouest pour passer par le pas du Gas, mais ai suivi une sente mieux cairnée menait aux Laquettes.

Pas du Gas Pas du Gas, par lequel j'aurais dû passer.

Les 800M de montée vers le col de Cap de Long se fait sans soucis particulier, j'ai encore le luxe d'avoir des cairns pour me guider. Beaucoup de passage en hors sentier que j'ai fait s'avèreront plutôt bien cairnés et même fréquentés Arrivé sur l'ancien glacier juste avant le col, où seul un petit lac et quelques névés restent, je m'arrête quelques temps, le paysage autour est magnifique, entièrement minéral, alternant les éboulis de schistes et les roches polies par l'ancien glacier. De temps en temps entre quelques pierres, quelques fleurs donnent un peu de couleur à ce paysage.

Hourquette de Cap de Long Hourquette de Cap de Long.

Comme prévu, la pente au sud du col est raide, à première vue pas de cairn pour m'indiquer un passage préférable, je descends donc 600 m en mode ski dans les éboulis de schistes. Je ferrai fuir un groupe d'Isard, eux aussi ne sont pas discrets dans ce pierrier. Arrivé en bas, je me dis que si j'avais eu à faire l'inverse, jamais je ne serai monté la dedans…

J'atteins enfin le lac de Bassia pour la nuit, l'orage éclate peu de temps après, tendis qu'une mer de nuage remonte de la vallée. C'était juste ! Par contre je me suis quand même trouvé un excellent spot de bivouac en surplomb de la vallée, avec vue sur des cascades et le col que je viens de descendre.

Bivouac au lac de Bassia Bivouac au lac de Bassia.

Jour 5 (mardi) : cirques de Troumousse et d'Estaubé

Distance : 26 km, dénivelé : ↗ 1494 m, ↘ 1659 m

Mer de nuage à l'aube Mer de nuage à l'aube.

La mer de nuage qui s'est installée la veille restera là pour toute la journée.

Je me dirige vers le cirque de Troumousse via la montagne de Camplong et la fontaine-oratoire de la Sainte Famille (l'eau sort de dessous l'oratoire).

Sur les cartes, le cirque dessine un C très régulier, mais en étant dedans je trouve ça moins spectaculaire, trop vaste pour ce rendre compte de la régularité du cirque probablement. Et puis comme une route y monte, il y a pas mal de touristes et promeneurs. Je descendrai un peu plus bas pour manger.

Cirque de Troumousse Cirque de Troumousse.

Pour basculer ensuite dans le cirque d'Estaubé, j'avais prévu de remonter la montagne du Grand Gabiédou jusqu'aux pics d'Estaubé. Mais je ne vois pas de passage évident pour franchir la petite barre rocheuse du début. Et puis en voyant toute cette montée, ça ne me motive pas vraiment :D. Je décide donc de plutôt contourner par le lac des Gloriettes puis de remonter dans le cirque en suivant la gave du même nom. Sur la carte ça m'inspire bien, je passerai dans un petit défilé après le lac, et j'aime bien remonter les torrents des petites vallées. En plus il me suffit de suivre le sentier. Bon, le seul truc que j'ai oublié, c'est qu'il faut très légèrement redescendre… dans la mer de nuage. Donc au final je ne verrai pas grand chose… C'est dommage car juste au sud du lac des Gloriettes, l'endroit semble vraiment joli, tout plat, de l'herbe rase parsemée de massifs d'aconites et de blocs de granit, et le torrent qui coule à coté. Sans les nuages, je me serais bien arrêté là pour une sieste !

Près du lac des Gloriettes Près du lac des Gloriettes.

Le soir, je me trouve encore un spot de bivouac idéal, sur une petite butte sur les flancs du cirque, au bord de la mer de nuage. La mer sera d'ailleurs bien agitée dans la soirée, spectacle très joli à voir que ces nuages qui bougent et se déforment en fonction des masses d'air qui tombent des sommets.

Bivouac dans le cirque d'Estaubé Bivouac dans le cirque d'Estaubé.

Jour 6 (mercredi) : Gavarnie

Distance : 8,2 km, dénivelé : ↗ 470 m, ↘ 1113 m

Aujourd'hui c'est repos, ravitaillement, douche, lessive et bon repas. J'arrive à Gavarnie en fin de matinée et vais me poser dans le camping. Prix très correct (7€50 de mémoire) au vue du lieu touristique et de la très grande propreté des sanitaires (rarement vu des sanitaires de camping aussi propres). Par contre 7 minutes d'eau chaude pour la douche, 2€ ! Vu la température (de l'air et de l'eau), je me paye ce luxe.

Gavarnie Gavarnie.

Car oui, la mer de nuage est toujours épaisse et bien présente, il fait dans les 11°C et bien humide dans la matinée. Malgré ça, le village est une autoroute à touriste. Je me dépêche d'aller récupérer mon colis de ravitaillement au bureau de poste (ouvert que de 9h à midi, tranquille) et fait quelques provisions de gras local et de fruits Casino pas murs et pas bons.

Je vais marcher jusque dans ce fameux cirque si réputé, j'entends des cascades d'un peu partout autour de moi, mais je ne vois strictement rien, tout est dans les nuages.

Au milieu du cirque de Gavarnie Au milieu du cirque de Gavarnie.

Jour 7 (jeudi) : vallée d'Ossoue

Distance : 25 km, dénivelé : ↗ 2514 m, ↘ 1339 m

Les nuages sont partis, du moins dans la vallée, car plus haut c'est pas terrible. Je peux enfin voir à quoi ressemble le cirque de Gavarnie :

Gavarnie Cirque et Grande Cascade de Gavarnie

Je remonte la vallée des Pouey Aspé en direction du port de Boucharo. Au col, la différence est flagrante : en France, la visibilité est bonne, en Espagne, c'est de la grosse purée de pois. Malgré le fort vent qui les pousse, les nuages semblent disparaître instantanément dès qu'ils passent la frontière.

Port de Bucharo Port de Bucharo

Je rejoins le lac de Lapazosa puis repasse la frontière pour monter au pic de Saint André. Là, tout en haut j'aperçois une personne, un photographe, russe à priori d'après son accent. Ça fait toujours plaisir de rencontrer des gens dans des endroits où je m'y attends le moins, sur des crêtes et loin de tout sentiers. Il cherche les meilleurs points de vue pour photographier les sommets du coin.

Ibón de Lapazosa Ibón de Lapazosa

Quelque part sur la crête Quelque part sur la crête

Quant à moi, j'aimerai bien faire un bout de crête jusqu'au col de la Bernatoire, mais vu que je vois pas grand chose, je ne sais pas si ça peut passer, et je n'aurai pas vraiment de vue, donc sans grand intérêt. Je redescends donc dans la vallée d'Ossoue et rejoins le GR 10. À 17h j'arrive au barrage d'Ossoue. J'hésite un peu, soit je m'arrête là pour la nuit, mais il y a une piste carrossable qui monte jusqu'ici, soit j'attaque les 800 m de montée jusqu'au refuge de Baysselance. J'opte pour la deuxième solution, même si je sais que ça risque d'être long et sans possibilité de m'arrêter avant.

Lac d'Ossoue Lac d'Ossoue

Beaucoup de caillasse à coté du refuge et des rafales à plaquer ma tarp au sol, J'hésite quand même un moment à aller dormir au refuge. Finalement je dormirai quand même dehors avec une vue sur toute la vallée d'Ossoue en enfilade jusqu'à Gavarnie.

Jour 8 (vendredi) : massif du Vignemale et Bachimaña

Distance : 17,5 km, dénivelé : ↗ 1494 m, ↘ 1645 m

Hier soir le Vignemale (3298 m) était dans les nuages, ce matin il l'est toujours, ce qui règle la question de savoir si j'y monte ou pas. Je me dirige vers le col des Mulets pour repasser de l'autre coté de la crête. Et à nouveau, passé coté espagnol je replonge dans les nuages.

Glacier du petit Vignemale Glacier du Petit Vignemale

La météo d'aujourd'hui n'est pas terrible, mais ce sera mon seul jour de mauvais temps. Averses de grêle au début, puis pluie plus ou moins continue et vent pour le reste de la journée.

La montée au col de Letrero, pour entrer dans le cirque de Bramatuero, se fait dans un éboulis d'énormes blocs de granit pas toujours très stables, pas très agréable avec la pluie et le froid. Arrivé dans le cirque par contre, le terrain est plus accueillant et je suis sorti des nuages. Je longe de près ou de loin les nombreux lacs de Bramatuero et retrouve même un chemin qui me conduira jusqu'au lac de retenue de Bachimaña Alto. Magnifique endroit, une ile sur le lac, de grandes berges plates et herbeuses, et une grande cabane dans laquelle je m'abrite le temps d'une pose.

Embalse de Bachimaña Alto Embalse de Bachimaña Alto

Je poserai mon bivouac un peu plus loin vers les lacs bleus (Ibones Azul Superior y Inferior). Le temps semble s'améliorer timidement.

Coucher de soleil

Coucher de soleil

Jour 9 (samedi) : Campo Plano, Cambalès, vallée du Marcadau

Distance : 20 km, dénivelé : ↗ 1272 m, ↘ 2018 m

Je me réveille dans la nuit, j'ai un peu froid et j'ai déjà mon pied d'éléphant remonté au maximum. Le ciel est complètement dégagé. Comme cette fois j'ai mon abri bien orienté au nord-est, je peux admirer les dernières perséides (il y en a encore pas mal !). J'arrive finalement à me rendormir jusqu'à l'aube.

Et là je comprends mieux pourquoi j'ai eu froid, tout à gelé : pluie et condensation sur la tarp, chaussettes, chaussures… et même le sol quelques centaines de mètres plus haut, au col del Infierno.

Cuello del Infierno Cuello del Infierno

D'ailleurs, la vue depuis ce col est superbe, le lac bleu sombre de Tebarray juste en contrebas, en plein milieu d'un paysage complètement minéral, et au loin des falaises espagnoles, dont je n'ai aucune idée de leur nom, éclairées par le soleil du matin, qui font très arides et désertique.

Ibón de Tebarray Ibón de Tebarray

J'ai rejoint le GR 11 depuis hier soir, et en descendant vers Lleda Cantal, je croise un tas d'espagnol qui ont dormis au refuge de Respomuso. La différence avec les randonneurs du GR 10 est flagrante, ils sont globalement très sympathiques et ouverts, à chaque fois que j'en croisais un, je savais qu'il allait engager la conversation. Dommage que la discussion ne dépassait pas quelques minutes avec les trois mots d'espagnol dont je me souvenais…

Au départ, je voulais justement aller boire et manger un bout au Refuge de Respomuso, mais j'ai dû marcher vachement vite depuis ce matin, il est beaucoup trop tôt et j'ai pas encore faim. Je marche jusqu'au lac de Campo Plano et savoure un bain de pied au soleil, avant de repasser en France par le col de la Pierre St-Martin.

Embalse de Campo Plano Embalse de Campo Plano

Après le col de la Pierre St-Martin et de Cambalès, deuxième bain de pied et pique-nique aux lacs du même nom. En redescendant vers le refuge Wallon et la vallée du Marcadau, je retrouve une flore plus variée (bruyères, myrtilliers (miam !), genévriers et pins à crochets) qui me change des alpages, mais aussi un tas de monde autour du refuge Wallon. Dans la descente de la vallée, ce sera encore pire, une quantité énorme de gens montent pour aller bivouaquer à coté du refuge.

Lacs de Cambalès depuis le col Lacs de Cambalès depuis le col du même nom

Je me pose un peu en retrait de la plaine du Cayan pour mon dernier bivouac.

Plat de Cayan Plat de Cayan

Jour 10 (dimanche) : val de Jéret, Cauterets

Distance : 10 km, dénivelé : ↗ 251 m, ↘ 985 m

Ce matin, je profite de mon dernier jour pour faire la grasse mat' en attendant le soleil. Mais étant au fond de la vallée, je finirai par partir avant qu'il ne vienne jusqu'à moi.

Je continue de descendre la vallée du Marcadau, puis le val de Jéret. J'enchaine les cascades, gorges, re-cascades… depuis le pont d'Espagne jusqu'aux sources sulfureuses de Mauhourat. Malheureusement c'est dimanche, et le lieu est hautement touristique. Heureusement ensuite pour rejoindre Cauterets, c'est un peu plus calme, je marche sur un petit sentier qui suit les courbes de niveau, dans une magnifique forêt de hêtres et noisetiers principalement. Je termine donc sur une bonne impression !

Cascades sur la gave du Marcadau Cascades sur la gave du Marcadau

J'arrive vers midi à Cauterets, terminus de ma rando, et y achète bien sûr de la bonne charcuterie et fromages en souvenir, qui ne dureront pas bien longtemps !

Gare routière SNCF de Cauterets Gare routière SNCF de Cauterets


Plusieurs points en guise de conclusion :

Hormis pour le premier jour, il y avait de l'eau vraiment partout, même sur les crêtes il suffit juste de descendre un petit peu pour trouver un torrent ou un lac. Je portais au maximum 50 cL sur moi. Le soir, j'étais toujours à moins d'une centaine de mètres d'un point d'eau, donc j'ai rarement eu à en porter. Par contre les moutons sont partout, donc je filtrais quasiment tout le temps.

J'ai vu assez peu d'animaux, malgré que j'étais dans le parc naturel, hormis les vautours. Même les classiques marmottes et isards étaient assez rares, comparé à certaines régions des Alpes.

Au niveau de la flore par contre, j'ai bien aimé certains « bas-alpages » composés de bruyères, genévriers, myrtilliers et rhododendrons, sur des sols assez arides et pierreux, même si il y avait toujours de l'eau qui coulait pas loin.

Les paysages sont très minérals, avec des traces d'anciens glaciers et des lacs de partout, j'ai jamais vu autant de lacs par jour en rando je crois, mais je ne m'en lassais pas, ils sont tous magnifiques et très différents.

Beaucoup de portions en hors sentiers que j'ai faites se sont avérées plus ou moins bien cairnées, ce qui m'a bien aidé au final. Par contre sur les sentiers tracés, quelque soit l'endroit, il y avait globalement beaucoup trop de monde à mon goût.

La précédente rando de plus d'une semaine que j'avais faite était en autonomie quasi totale en nourriture, et ça faisait pas mal lourd les premiers jours. Là j'ai porté au maximum 6 jours et c'était raisonnable. J'ai du coup testé l'envoi de ravitaillement en poste restante et je suis satisfait du principe, même si ça fait un peu cher à l'envoi du colis.